Roberta Roman Trio à Montbrun
Roberta
Roman Trio
Ce
mardi
soir,
après
avoir savouré une dernière fois l’adorable Bloom quintet à
Buis-les-Baronnies, nous voici en route pour Montbrun-les-Bains,
magnifique village classé, juché à flanc de colline, où nous
allons assister à une ode au Tango, à
la
Milonga, à l’Argentine et à l’Uruguay avec le trio de
l’exceptionnelle guitariste italienne Roberta
Roman.
Quel
bonheur de parcourir cette trentaine de kilomètres par ces routes
sinueuses typiques de la Drôme provençale, où les vignes, les
pins, le maquis, la garrigue font face au majestueux Mont Ventoux.
Arrivé
dans le vieux Montbrun, surprise agréable, la place du Beffroi
est comble.
Le trio s’installe dans un
silence attentif rare, la beauté des instruments sous la lumière
crue des leds et le charme des instrumentistes y sont pour beaucoup.
On va entendre un florilège
de morceaux plus ou moins connus, voire des « tubes »,
entrecoupés d’anecdotes ou de présentations particulièrement
informatives et intéressantes, contées avec ce si charmant accent
milanais de la guitariste.
Vont
se succéder : « Michelangelo
70 » d’Astor
Piazzolla,
« Gallo Ciego », de
Agustin
Bardi,
littéralement
le coq aveugle, Colin Maillard en français, qui
nous
montre à quel point cette musique de l’âme est profonde et
sensuelle, « Omaggio
a Fellini », hommage
au grand cinéaste italien et à son compositeur fétiche Nino
Rota,
truffé
de courtes et charmantes citations et références.
Ensuite,
aléa des concerts en plein air, un moucheron oblige la
violoncelliste Michèle
Pierre
a
quitter
un instant le plateau, Roberta et Marisa
en
profitent alors
pour se
lancer avec
fougue et délicatesse dans
une
improvisation autour d’un thème lié à la douleur amoureuse, puis
retour
au programme avec la célèbre « Cumparsita »,
écrite
en
1915 par le musicien uruguayen Gerardo
Matos Rodríguez,
devenu
l’hymne populaire de l’Uruguay, puis le
poème classique
« Ejes de mi carreta » d’Atahualpa
Yupanqui,
qui
fut distingué par la grande Piaf,
« Violentango » énergique
et mélodieux,
« Nocturna » tendre
et nostalgique,
« Alfonsina y el mar » (duo violoncelle & guitare),
inspirée par l'histoire de la
poétesse féministe
Alfonsina
Storni
qui s’est suicidée en 1938 à Mar del Plata en sautant dans l’eau
, la
valse
« Desde El alma » de
Rosita
Melo,
« ce qui vient de l’âme », littéralement et
profondément executé,
« Evaristo Carriego », et
l’inévitable et tant attendu « Libertango »
d’Astor
Piazzolla.
A
la
fin de chaque morceau, le public, haletant, vibrant,
retient
son souffle et applaudit comme si c’était à
chaque fois
la fin du spectacle… j’ai rarement observé en quarante années
de fréquentation de festivals et de concerts de toutes sortes une
complicité aussi forte avec l’assistance !
Les
musiciennes ne sont pas seulement virtuoses, elles respirent le
tango, elles sont Le Tango, elles
l’incarnent divinement, avec
une complicité tendre
et merveilleuse !
Double
rappel oblige …
Une superbe et dépaysante
soirée et un incroyable coup de cœur !
Roberta Roman,
guitare
Marisa Mercardé,
bandonéon
Michèle Pierre,
violoncelle
Philippe Chassang
mardi
13 août 2019
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