Les doigts de l'homme à Mollans-sur-Ouvèze pour Parfum de Jazz mardi 15 août 2017
Le maire de Mollans-sur-Ouvèze, Frédéric Roux, avait, lors de son
discours inaugural en août 2015, précisé que le concert apéro-jazz
offert par le festival Parfum de Jazz marquerait le début d'une active
collaboration. Ce qui fut fait dès 2016, avec la venue à
Mollans-sur-Ouvèze du trio de Steeve Laffont, du pur swing manouche, et
qui continue pour cette dix-neuvième édition avec, pour rester dans un
style musical proche, Les Doigts de l'Homme.
Le concert débute par une citation de Jean Cocteau (reprise en réalité de Tacite) : Le vrai tombeau des morts, c'est le cœur des vivants., qui a donné son titre au septième album de ce groupe ainsi qu'à deux morceaux de ce dernier.
Ce quintet démarre sur les chapeaux de roue avec Là Haut, tout en énergique virtuosité ; les trois guitares étant accompagnées du cajon de Nazim Aliouche nouveau venu dans le groupe. Puis on enchaîne avec Le cœur des vivants et Le vrai tombeau des morts,
hommage à Cocteau, où le jeu subtil et complémentaire des guitares
n'hésite pas à flirter avec des mélodies balkaniques. Pas d'artifice
superfétatoire: de la virtuosité pour sublimer la musicalité ...
Vient ensuite Amir across the see, alternance de tumultes et de
sérénité, en hommage à ce jeune syrien, Amir Mehtr, qui s'est entraîné
des mois durant pour traverser les sept kilomètres de la mer Egée, entre
les rivages turcs et l'île grecque de Samos. Pour rester dans le thème
de la migration, ce titre sera suivi de Califas, comme les latinos appellent la Californie.
La soirée se poursuit avec une magnifique reprise de la composition du pianiste Tigran Hamasyan, Love song, où le percussionniste passera au bendir et le contrebassiste Tanguy Blum à l'archet, créant une atmosphère hypnotique. Suivront Caprice, morceau de bravoure, et 4 BC écrite par Olivier Kikteff, pour son comparse et alter ego Benoît Convert. Ce dernier se retrouvera seul sur scène pour introduire progressivement et délicatement Indifférence,
classique du swing manouche composé et popularisé par Tony Murena,
rejoint ensuite par toute la troupe pour nous faire redécouvrir avec
lyrisme ce "tube" tant joué.
Les trois guitaristes et le contrebassiste s'installent alors en avant
scène, sans micro ni lumière et collés les uns aux autres ; pour jouer
comme à leurs débuts en 2003, lorsqu'ils étaient artistes de rue. Yannick Alcocer y brille particulièrement à la "pompe". Nous aurons droit à Mixture, Féerie, Da Vibe
avec une vigueur, une efficacité et un tonus hors pair. A l'époque, il
fallait bien être démonstratif pour retenir les passants !
Yannick Alcocer, habituellement spécialisé en guitare rythmique, prend ici le leadership sur I see the light. La valse du gros, surnom donné à Olivier Kikteff, lui permettra d'être encore une fois éblouissant et Get a grip mettra en valeur des mélodies et rythmes d'Europe de l'Est.
Le premier rappel, Back to life, duo écrit par Olivier pour Benoit, soulignera la complicité des deux solistes, et le deuxième, Mumbo Jumbo, réunira en apothéose, les cinq musiciens qui se déchaîneront avec une jubilation partagée.
Nous sommes bien ici en présence d'artistes qui ont fait le choix d'être
pleinement dans le style manouche, d'assumer l'héritage de Django, sans
être des copiés-collés. Leur savoir-faire, leur habileté, leur agilité
sont complètement au service d'une sensibilité exacerbée.
La totalité des morceaux est issue des trois derniers albums : "1910"
(2010), "Mumbo Jumbo" (2012) et "Le cœur des vivants" (2017).
Le public venu nombreux est reparti heureux et conquis !
Philippe Chassang
(Olivier Kikteff, Benoît Convert: guitares solo ; Yannick Alcocer: guitare rythmique ; Tanguy Blum: contrebasse ; Nazim Aliouche: percussions)
http://www.jazz-rhone-alpes.com/170821/#lddlh
Philippe Chassang
(Olivier Kikteff, Benoît Convert: guitares solo ; Yannick Alcocer: guitare rythmique ; Tanguy Blum: contrebasse ; Nazim Aliouche: percussions)
http://www.jazz-rhone-alpes.com/170821/#lddlh
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