Crestiano Toucas Trio La Garde Adhémar Mercredi 23 août 2017



Pour cette deuxième partie de soirée à la Garde Adhémar avec l'accordéon à l'honneur, le trio de Crestiano Toucas propose un programme étonnant et ambitieux autour de leur dernier album Sangue Do Mar.

Magellan débute le set, en duo subtil et délicat, Crestiano Toucas à l'accordéon et Antoine Laudière remplaçant brillamment au pied levé Thierry Vaillot à la guitare.

Arrive ensuite, vêtu d'une tunique traditionnelle indienne, le percussionniste Amrat Hussain, originaire de Jaipur, capitale du Rajasthan, qui s'installe aux tablas, pour A vida da minha mãe. La mélodie est enchanteresse, elle est parfois jouée en un séduisant unisson voix / accordéon.
Pour Spanish, Antoine Laudière se fait virtuose, ne reniant pas l'influence de Paco de Lucia. Il n'hésite pas à plaquer des accords percussifs accompagnés par les frappes de Crestiano sur l'accordéon.

On reste au bord du Tage avec Hispanico et on savoure un duo de scat du plus bel effet. Puis nous partons pour Sao Vicente, île natale de Cesaria Evora, et faisons un détour au Brésil avec Fogo de Caravela.

Le film le sel de la terre, documentaire franco-italo-brésilien réalisé par Juliano Ribeiro Salgado et Wim Wenders, sorti en 2014 a violemment inspiré Crestiano qui a immédiatement composé Salgado, comme une évidence ...

Suivra Zambia, hommage à l'Afrique, puis Bluewish, où le percussionniste indien va initier le public aux "bols", les onomatopées désignant les diverses techniques de frappes, chaque syllabe correspondant à un son et à un toucher particulier ; c'est le langage de l'instrument qu'apprennent tous les percussionnistes indiens. Amrat, après avoir fait répéter l'assistance, va proposer un long et superbe solo démonstratif et didactique, rejoint plus tard par les deux autres instrumentistes.

Pour finir en beauté cet extraordinaire concert, le trio joua Lisboa Calicut, qui fait référence à la ville de Calicut (aujourd'hui appelée Kozhikode) où Vasco de Gama aborda l'Inde en mai 1498. Superbe pièce musicale emprunte de nostalgie, de majesté et de lumière !

Voilà un trio dont le projet est passionnant et a retenu l'attention soutenue de tout le public.
Au travers de compositions très personnelles, Crestiano Toucas nous emmène avec lui du Portugal au Brésil en passant par l'Inde et l'Afrique avec une originalité, une sincérité et une authenticité évidente. Les évocations du fado et de la saudade sont toujours présentes, en filigrane.

Un grand moment de ce festival où virtuosité rima avec sensibilité !

Philippe Chassang

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