Heroe(s) de Philippe Awat, Guillaume Barbot, Victor Gauthier-Martin
Heroe(s)
de
Philippe
Awat, Guillaume Barbot, Victor Gauthier-Martin
Mise
en scène : Philippe
Awat, Guillaume Barbot, Victor Gauthier-Martin
Avec
Philippe
Awat, Guillaume Barbot, Victor Gauthier-Martin, Régis Royer (en
alternance)
Musicien :
Pierre-Marie Braye-Weppe
Théâtre
contemporain
Théâtre
la Manufacture; Festival Avignon Off
10h20
; durée 75 mn
Trois metteurs en scène,
Philippe Awat, Guillaume Barbot et Victor
Gauthier-Martin ont choisi de se réunir avec un violoniste,
Pierre-Marie Braye-Weppe, afin de mettre en commun leur vision
sur leur génération, le théâtre, les attentats,
la politique et les politiciens, la démocratie, l’argent et bien
d’autre thèmes encore.
Ils
commencent par nous présenter un spectacle qui est pour le moment
sous forme de projet : le War and Breakfast. Avec beaucoup
d’autodérision, ils nous proposent la forme la plus cliché
possible : une déambulation de presque trois heures où le
public séparé préalablement en deux, devra énormément
participer, porter des costumes afin de découvrir les onze décors
prévus dans la ville.
Après
avoir ri de notre condition de public pris en otage par ses comédiens
pouvant nous « embarquer » là où ils veulent et où
nous devons nous soumettre, nous basculons dans des souvenirs noirs
de notre mémoire collective.
Des
messages audios, des interviews politiques, des extraits des
différents journaux télévisés et chaînes d’info continues
forment alors un brouhaha angoissant, oppressant, incessant. Il faut
très peu de temps pour revivre cette situation et l’état dans
lequel nous nous trouvions tous le 14 novembre 2015, lendemain des
attentats du Bataclan.
Plus
de deux ans après ces événements, nous ne pouvons toujours pas
poser les mots justes sur ce qu’il s’est passé.
Etions-nous,
sommes-nous en guerre ?
Notre
pays, épargné jusqu'à présent, des bombardements, de la
souffrance inexcusable sur son territoire est-il en guerre ?
Le
mot « guerre » est d’ailleurs écrit en gros, à la
craie, sur le mur en arrière scène et est toujours à portée de
vue.
L’idée
de métathéâtralitée est excellente car nous suivons de manière
chronologique leurs évolutions qui font échos aux nôtres et nous
permet de garder le fil sur les deux ans de préparation de leur
projet commun ainsi que sur l’actualité des attentats, des
scandales politiques, des événements historiques.
Le
titre du spectacle étant Heroe(s), cette notion est
traitée de manière intelligente car non manichéenne.
Qui
sont les Héros ?
Depuis
notre plus jeune âge, nous sommes habitués à vénérer des hommes
et des femmes fictifs pour la plupart ou tellement incroyables qu’ils
ne sont plus totalement humain. Cela peut être les super-héros
comme les Avengers, Superman et autres, des figures politiques Che
Guevara, Jean Moulin, Simone de Beauvoir, Gandhi, Malala, Martin
Luther King et bien d’autres.
Ce
qui nous fascine en eux, c’est leur courage, leur force de
dévotion, de sacrifice. On peut même entendre l’expression de
héros du quotidien parfois en parlant notamment des pompiers ou des
personnes qui en sauvent d’autres.
Mais
pourtant, le père célibataire qui travaille nuits et jours pour
nourrir ses enfants n’est-il pas courageux et vaillant ?
Les
parisiens qui osaient sortir de chez eux, aller en boîte, en
terrasse, dans des concerts ou encore au théâtre les jours
succédant les attentas n’étaient-ils pas courageux ?
Mais
sont-ils des héros pour autant.
Et
pourquoi ne les vénérons-nous pas ?
De
même que les lanceurs d’alertes dont il est également question
dans la pièce préfèrent garder l’anonymat car ils risquent selon
les pays la prison, la torture, le chômage à vie, une réputation
souillée, du harcèlement, etc... alors que nous devrions tous les
vénérer et remercier d’avoir révélé la vérité. Pourtant qui
connaît le nom des personnes ayant révélé les scandales ?
On
sort de la salle, des questions pleins la tête et l’envie de
réfléchir et de communiquer sur ces sujets.
Je
recommande vivement ce spectacle qui aide à prendre du recul sur
notre situation.
C’est intelligent,
pertinent, très bien mis en scène et interprété, sans oublier
l’importance du violoniste qui crée du rythme et permet de
s’échapper lorsqu’il est nécessaire, de la violence des propos
en créant une mélodie.
Angèle
Chassang
Samedi
21 juillet 2018
Commentaires
Enregistrer un commentaire